Qui était donc cet homme sans façon ( 1 ), ce voyageur aussi spirituel qu'anonyme qui, en 1784 (2), s'en vint aux eaux de Spa, visita Stavelot, poussa jusqu'à Malmédy et, de ces pérégrinations, publia, on ne sait où (3), un malicieux et pas toujours très édifiant récit? C'est là une question qu'ont dû bien souvent se poser les rares lecteurs d'un bouquin plus rare encore. A en croire Barbier et Quérard, ce ne serait autre que l'abbé Jehin qui, ajoutent-ils, mourut à Neuwied le 30 mars 1786, peu après l'impression de son livre1. Chose fort possible à première vue. Il y avait de si étranges abbés, en ce voltairien dix-huitième siècle — des abbés, voire des prélats qui, du prêtre, n'avaient conservé que l'habit et dont le moindre défaut était de ne pas croire en Dieu! (4)

Malheureusement pour les bibliographes précités, l'abbé Jehin, pamphlétaire et révolutionnaire d'origine franchimontoise, outre qu'il ne trépassa qu'en 1806, ne peut revendiquer la paternité, fût-ce même partielle, de ce récit, cette paternité devant être, en toute justice, attribuée à un certain Adrien-Joseph Havé, folliculaire français, mort à Reims en 1817. (5)