Aujourd’hui que l’on dispose de maisons en briques, l’hiver n’est plus terrible. Mais il y a trois mille ans, quand l’Homme vivait dans des huttes et ignorait le chauffage central, la saison froide était considérée par lui comme une calamité. Aussi, dès le déclin de l’hiver, l’Homme se sentait joyeux, et la fin des grands froids était pour lui l’occasion de grandes réjouissances, comme aujourd’hui la fin du service militaire... Plus tard, les conditions de vie se sont améliorées, mais l’Homme a continué à se réjouir à l’annonce du printemps. C’est là qu’il faut voir l’origine des Carnavals en général, et en particulier du Carnaval de Binche et de ses fameux Gilles (1).

Le Gille porte un costume orné de lions rouges voisinant avec des lions noirs : les armes du Hainaut. Il est chaussé de sabots ornés de cocardes appelées renoms. Il est ceint de sonnailles qui constituent son appertintaille. Sa poitrine et son dos sont bourrés de paille de façon à former deux bosses. Sa tête est protégée par une coiffe blanche nommée barrette. Il porte dans un panier les oranges qu’il va jeter dans la foule. Les plus riches peuvent s’offrir un chapeau de plumes d’autruche. Mais comme ce chapeau est très encombrant, il est beaucoup plus souvent dans les bras d’un suiveur que sur la tête du Gille !

Ami lecteur, ce préambule était nécessaire, parce que, au cours de ces quelques heures que tu vas passer avec des gens de mon pays, tu entendras souvent parler des Gilles de Binche...