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Vers la modernité : Le XIXe siècle au pays de Liège
door Collectif
Paperback / 566 bladzijden / uitgave 2001
taal (talen) : frans
uitgever : Ville de Liège
afmetingen : 296 (h) x 210 (b) x 32 (dk) mm
gewicht : 2110 gram
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Ainsi que le rappelle l’Échevin Hector Magotte, la présente exposition se rattache à une impressionnante chaîne de rétrospectives qui font de Liège un cas d’école et une référence obligée. Rares en effet sont les régions et les villes qui bénéficient d’une somme aussi imposante, aussi cohérente, d’études relatives à leur histoire culturelle. Le bilan du XIXe siècle s’imposait naturellement mais la gestation fut d'autant plus longue que le recul nécessaire s’avérait difficile à acquérir.

Le choix d’un titre fédérateur fut laborieux. Le concept de modernité s’est finalement imposé. D’une part, son vocabulaire et son contenu se sont élaborés à partir du milieu du siècle, sous la plume de Théophile Gautier et de Baudelaire. D’autre part, l’apologie du «moderne» devint rapidement commune à tous les domaines de production culturelle, à commencer par les arts plastiques (le Modem Style, la revue belge L’art moderne, etc.).

L’adjectif «moderne» qualifie depuis la Renaissance ce qui s’oppose aux usages anciens, à la tradition. L’invention, autour de 1850, du substantif qui en dérive traduit la prise de conscience d'une rupture générale et irrévocable. Le privilège accordé à la nouveauté repose sur la foi dans un progrès perçu comme illimité. Il implique une conception linéaire du temps -laquelle, paradoxalement, détermine un intérêt accru pour l’histoire - à l’opposé du temps cyclique des sociétés traditionnelles. La marche en avant concerne au premier chef les sciences et les techniques, bien sûr, mais aussi la politique, sous l’emprise de l’État centralisé, bourgeois et démocratique, la littérature, les Beaux-Arts et la musique. Et c’est en fin de compte tous les aspects de la vie quotidienne qui sont affectés par une véritable frénésie d’innovation, stimulée par les premiers développements de la consommation privée et l’essor sans précédent des moyens de communication.

Se soulèvent «progressivement» les paradoxes qui nous poussent aujourd’hui à interroger l’idéologie de modernité, d’autant plus problématique qu’elle semble rejetée dans le passé par celle, tout aussi conjecturale, de la «postmodernité» (le Musée d’Art moderne de Liège ne s'est-il pas converti en Musée d’Art moderne et d’Art contemporain ?). Pointons quelques-unes de ces ambiguïtés. Tout d’abord, la modernité a ses revers et ses travers : l’aliénation due à la rationalisation toujours plus poussée de l’économie et de l’État, qui se muent en abstractions, les conséquences sociales néfastes de l’industrialisation à outrance et de l’exode rural, justifiés au nom de l’amélioration du bien-être. Plus subtilement, le credo rationaliste sous-tend la modernité scientifique, économique et politique mais s’oppose à l’affirmation de la subjectivité, de l’irrationnel, voire du primitif et de l’inconscient, inhérente à la modernité artistique. A plus long terme, la modernité atteindra son apogée en confondant course au progrès et culte du changement pour le changement, soumission à la mode, qui, elle-même, via le recyclage permanent qu’elle suppose, aboutit au nivellement désenchanteur de l’éclectisme.

De ce qui précède découle la plus importante caractéristique de notre étude : sa pluridisciplinarité, par ailleurs chère au Recteur Willy Legros. Plus de 100 chercheurs et étudiants se sont attelés à une enquête aussi ample que complexe. Trois ans d’échanges, au sein du comité scientifique, en vue d’établir les intersections et les parallèles entre champs d’activités ont jalonné la rédaction d’un ouvrage qui se veut de synthèse.

A l’énumération proposée par l’Échevin de la Culture, il convient d’ajouter un événement fondateur à la fois de la série et de notre entreprise : l'exposition Le romantisme au Pays de Liège, organisée en 1955, à l’initiative de trois grandes figures de l’Université de Liège, Rita Lejeune-Dehousse, Jean Lejeune, par ailleurs futur Échevin des Musées, et Jacques Stiennon. Les quelques 1 080 documents réunis pour la circonstance et les renseignements recueillis à leur sujet constituent une source d’informations indispensable. Surtout, c’était le premier essai de mise en relief d’un passé à la fois proche et menacé d’oubli. Étendre cette réhabilitation critique à l’ensemble du XIXe siècle, développer l’étude d’objets devenus plus familiers au terme de près d’un demi-siècle de travaux scientifiques - souvent inédits -d’historiens, de philologues, de musicologues et d’historiens de l’art, des sciences, de la photographie ou de cinéma constituait une responsabilité que nous nous sommes efforcés d’assumer en restant dignes de nos maîtres.

Le catalogue est dédié à mon ami Jean-Luc Graulich, qui nous a quittés quelques semaines avant l’aboutissement du projet auquel il a donné l’impulsion initiale et une énergie courageusement arrachée au mal qui le minait. Que cet ouvrage, à la rédaction duquel il a, du reste, participé, contribue à perpétuer le souvenir de celui dont la vie fut un combat en vue d’affranchir de la tyrannie de la mode, à tous égards, cette modernité dont nous partageons l’héritage.
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