En commençant la rédaction de cet ouvrage, j’avais une hypothèse de départ:

“La Belgique, en tant qu’Etat, est un échafaudage artificiel, né de la volonté des puissances du XIXe siècle d’établir un glacis entre la France et l’Allemagne. Notre pays est un état tampon que sa monarchie et son désir d’indépendance avaient cimenté pendant moins de 150 ans. Une fois les menaces étrangères écartées, la volonté d’autonomie de chacune des composantes avait légitimement ressurgi du passé”.

En bref, je partageais la conviction de nombreux Belges de ma génération.

Toutefois, au fil de la découverte de l’histoire militaire de mon pays, ce jugement n’a cessé de se nuancer.

Il m’apparaît clairement aujourd’hui que, du fond des âges, un sentiment d’appartenance à une même communauté, une solidarité, une volonté centralisatrice se sont dégagés parmi les populations qui habitèrent notre sol.
Que c’eût été pour résister à une oppression locale ou étrangère, ou pour soutenir ou défendre une idéologie religieuse ou politique, les gens de nos provinces n’ont pas attendu l’adoption d’une devise officielle pour mettre en pratique l’union qui fait la force.

Souvent guidé par une aristocratie cosmopolite, jalouse de son identité, fidèle à ses princes jusqu’au sacrifice, le peuple belge trouvait dans les aventures guerrières l’occasion d’imposer la réputation de ses régiments aux souverains de l’Europe.

Qu’elles se fussent appelées Gaule Belgique, Lotharingie ou Pays-Bas, nos régions tantôt séparées, tantôt unies, manifestèrent très tôt une communauté de destin qui, depuis les ducs de Bourgogne, ne devait plus jamais se démentir.

Que l’idée plaise ou non, la Belgique a existé en tant que Nation bien avant son accession à l’indépendance.

Même s’ils sont héritiers d’une culture commune, un Wallon n’est pas un Français, tout comme un Flamand ne peut être un Hollandais.
Leur passé, leur histoire font toute la différence.

Aujourd’hui la structure politique de la Belgique change, on peut le regretter ou s’en réjouir.

Il n’en reste pas moins qu’au-delà des clivages politico-linguistiques, une Nation et un Etat existent, unis derrière leur ROI et cimentés par le sang versé de ses fils tout au long des siècles.