Namur est fille de la Meuse. Dans la longue vallée, qui s’étire du pays de Jeanne d'Arc aux plaines de Hollande, cette ville occupe une situation privilégiée ; elle commande le confluent du fleuve avec son principal affluent coulant de l’ouest, la Sambre. Dès les temps les plus lointains, ce fut un centre de navigation, où les questions de batellerie prenaient une importance de premier plan.

Au moyen âge, la « frairie des naiueurs », c’est-à-dire la corporation des bateliers, y joue un rôle marquant. Le 18 avril 1328, «les compagnons naiveurs delle ville de Namur allans sur les rivières de Meuse et de Sambre » obtiennent des autorités communales la reconnaissance légale de leurs statuts corporatifs.

La frairie a compté parmi ses membres des personnages notables, tels les puissants abbés des monastères de Malonne et de Floreffe, lesquels avaient des intérêts dans la navigation de la Sambre.

Dans toute la vallée de la Meuse, de Verdun à Maastricht, saint Nicolas devint le patron des bateliers. Ceux de Namur ne manquaient jamais de célébrer en grande pompe la fête patronale du 6 décembre. Ils possédaient leur chapelle particulière, dédiée à l’évêque de Myre, dans la collégiale Notre-Dame. Il s’agissait de l’église la plus ancienne remontant aux origines mêmes du Christianisme dans la cité ; elle s’élevait dans le quartier primitif, dit communément le quartier des Sarrasins, correspondant au triangle formé par la Sambre et la Meuse à leur confluent. Le vénérable sanctuaire, dont la rue Notre-Dame rappelle aujourd’hui le souvenir, fut malheureusement démoli en 1803.

Les confrères namurois confiaient la gestion de leurs affaires à un « roi », qui présidait une sorte de comité exécutif composé d’un [...]