En considération de cette qualité qu’on veut bien m’attribuer : « défenseur attitré des sites », on me demande de mettre une courte préface à un opuscule dédié à la forêt.

Soit ! Attitré ou non, je suis bien obligé de reconnaître l’ancienneté de ma coopération à l’œuvre de défense et de sauvegarde dont la forêt de Soignes, particulièrement, bénéficie aujourd’hui.

A la suite du mouvement qui s’est déclaré à notre époque en faveur de l’arbre méconnu, de la conservation des bois, de la culture sylvestre remplaçant l’odieux et funeste défrichement naguère encore en honneur suivant une tradition barbare et stupide, — cette forêt de Soignes, magnifique lambeau de l’ancienne parure forestière du pays brabançon, semble devenue l’objet d’une protection efficace désormais assurée. Je n’ose dire absolument garantie contre tout attentat du vandalisme, ce redoutable Protée qui prend toutes les formes et, repoussé d’un côté, réapparaît d’un autre, grâce à d’ingénieuses et subtiles métamorphoses.

Mais rien n’est parfait et il n’existe point de domaine où la fortune changeante perde complètement ses droits. L’essentiel est que nous ayons réussi à abolir un régime néfaste et conquis l’influence nécessaire pour empêcher les surprises nouvelles d’ennemis qui survivent opiniâtrement à toutes les défaites.

Nous pouvons donc considérer maintenant la forêt [...]