Principauté ecclésiastique, principauté wallonne : deux aspects qui frappent à première vue l'historien de l'ancien pays de Stavelot...
Son administration était tout entière, ou presque, concentrée dans les mains du clergé catholique : c'étaient des moines bénédictins qui étaient les seigneurs et maîtres du territoire.

C'est aussi un coin de Wallonie qui a conservé, jusqu'à ce jour, un patois savoureux, original, que le français n'a que très tard corrompu, tout au moins dans la région stavelotaine.

Malmedy, qui passa à l'Allemagne au début du siècle dernier, a échappé à ce phénomène : nombre de mots anciens y sont demeurés d'un usage courant et la morphologie du wallon malmédien a fait l'objet de travaux très intéressants, parmi lesquels nous relevons ceux de M. l'abbé J. Bastin.

Sans doute, dans les sphères officielles, on s'est efforcé d'activer la germanisation de ce pays qui n'a pu encore atteindre complètement le coeur des populations autrefois soumises à l'autorité de nos abbés : mais si, au point de vue politique, ces dernières se sont loyalement ralliées à l'Empire, leur intel-lcctualité les rattache plutôt à la grande famille latine.

Ce caractère, Malmedy le puise dans son histoire, dans ses traditions semblables à celles de Stavelot, dans cette communauté de vie qui fut celle des deux villes soeurs dès le VIIe siècle jusqu'à la disparition de la principauté, et même dans la rivalité qui l'opposa sans cesse, pour la conquête de la suprématie, à la cité de Saint Remacle.

En revanche, et précisément à cause de cet antagonisme, Stavelot n'a pas permis à la germanisation de l'atteindre. Citadelle avancée de la Wallonie, la capitale de l'ancienne principauté est restée le fief fidèle de l'idée romane et de l'esprit latin.