Le présent petit album n'a pas l'ambition de retracer la longue histoire de cette fontaine mondialement connue que mentionnent déjà des actes de l'an 1469 (sous l'appellation de "Menneke" et non sous la graphie hollandaise actuelle de "Manneken"; les Bruxellois, de nos jours encore, ne disent pas autrement que "Menneke", car leur vieux dialecte infléchit ici le "a" en "è", comme en allemand Mann fait Mânnchen; dès lors, pour un personnage aussi essentiellement bruxellois, nous respecterons l'authentique nom bruxellois de Menneke).

Il faudrait tout un livre pour narrer les légendes plus ou moins jolies auxquelles cette célèbre fontaine a donné lieu, pour raconter la vie dramatique du sculpteur Duquesnoy qui au XVlIe siècle donna sa forme définitive, en bronze, au très ancien petit "pisseur" de pierre, et pour relater l'histoire des péripéties, des faits de guerre, des rapts, des bris, des vols, des réfections, des cérémonies, qui ont eu lieu au coin des rues de l'Etuve et du Chêne; et il faudrait aussi un long catalogue pour énumérer les centaines de costumes typiques, venant des cinq continents, qu'a solennellement reçus le plus représentatif "bourgeois" de Bruxelles.

Menneke-Pis a occupé de nombreux historiens, inspiré des poètes et des chansonniers, fatigué les folkloristes, attendri les foules, attiré les voyageurs, nourri les caricaturistes, enrichi les marchands de souvenirs; il a aussi fait l'objet de thèses savantes, publiées par un sociologue comme Paul Lévy ou par des sexologues comme Marc Lanval et Havelock Ellis.
En outre, Menneke-Pis a donné à Bruxelles une image de marque originale et débonnaire, encore que peu aristocratique.

Le présent petit album a seulement pour but de montrer une tranche de vie de Menneke-Pis : celle du bon vieux temps. Grâce aux cartes postales (popularisées dès 1895), on peut voir quelle importance Menneke-Pis avait dans l'iconographie, dans les mœurs, dans le folklore et même dans la politique belges.