Devinez pourquoi, après avoir relu
Tintin au Tibet, je préparai vivement, voici quatre ans, un sac de montagne, une laine polaire et un matelas de tente, et pris, un beau jour d'hiver, l'avion de Katmandou, via New Delhi, pour partir à pied du Népal vers la frontière de Chine.
Un peu héroïque pour qui dépassa depuis longtemps l'âge du Capitaine, mais superbe s'il marche en bonne compagnie, ce voyage exige, en effet, qu'il ait déjà vu et lu les cases magiques dessinées par le grand prédécesseur : alors et alors seulement, il passe du bon côté des chôrtens, assiste avec respect aux rites des monastères tibétains, traverse en équilibre des rapides sur des ponts fragiles que même les sherpas ne passent qu'avec angoisse, mange en souriant leur nourriture, aime leur amitié, admire leur résistance au poids porté comme au froid supporté... Bref, comment réussir ce petit exploit sans se remémorer continûment la quête de Tchang disparu, sans reproduire le parcours souvent recommencé, au moins en imagination, au cours de l'enfance ? Dans [...]