Ville-frontière de la Francité suite aux reculs successifs de la culture romane, Bruxelles n'en reste pas moins l'oeuvre de Charles de France, dernier des Carolingiens, et de son ami et conseiller, le moine nécromancien Gerbert, futur pape de l'an mil. Mille ans après, le temps est venu de vérifier si les étranges cérémonies qui ont présidé à sa fondation, selon un rituel magique qui était encore il y a peu celui de l'Eglise, ont été efficaces. Voilà en tout cas une lande déserte, il est vrai dominé par un des sept monts Saint-Michel d'Occident, qui devient par étapes et selon un processus peu commun dans l'histoire urbaine, capitale d'un duché, d'un pays, enfin de l'Europe entière.
Ce rôle de capitale, Bruxelles le jouera également dans des domaines plus secrets, telle l'alchimie, illustrée par Van Helmont, Cerclaires, Lorraine, Saint-Germain et le peintre Breughel. Mais son plus beau titre de gloire occulte reste la Grand-Place, véritable grimoire de pierre où le traité célèbre de la "Toyson d'Or" se voit traduit en sept groupes de sept enseignes hermétiques. Ce chef-d'oeuvre de l'Art royal a été conçu par un maître maçon de la loge des Quatre-Couronnés. C'est dire que la franc-maçonnerie a été spécialement active à Bruxelles, siège de sociétés aussi influentes que les "Supérieurs inconnus" ou les "Mopses". On comprend l'attraction toute particulière que cette cité du Brabant a exercée sur le monde de l'ésotérisme, depuis Nostradamus jusqu'à
Gérard de Nerval ou
Collin de Plancy.
Bref, un livre passionnant et parfaitement documenté qui vient à son heure, alors que Bruxelles se voit menacée, tant dans les fondements de sa liberté que dans sa culture et ses traditions millénaires.