J'aimais et j'aimerai toujours Sam Lévin. C'est un des rares photographes avec qui j'ai travaillé tout au long de ma carrière et avec lequel je me sentais parfaitement à l'aise.

Pourtant, lorsqu'il m'appelait au téléphone, harcelé par les journalistes, n'ayant plus de photos à leur donner, il me demandait de venir poser pour une nouvelle série, je lui répondais en bougonnant.

J'ai toujours eu horreur de me faire prendre en photo, mais je devais admettre que si Sam ne pouvait distribuer ses magnifiques photos à travers les magazines du monde, ceux-là se rabattraient sur ce qui était pris à la sauvette par les paparazzis du coin. Alors j'y allais à contrecœur et de mauvais poil.

Son accueil si chaleureux, sa gentillesse profonde, sa discrétion, sa joie de me voir faisaient fondre mon appréhension.

Il y avait du Champagne, de la musique sud-américaine que j'adore, une grande glace dans laquelle je pouvais me voir, posée près de son appareil et rien que nous deux. Sam savait que j'avais horreur de tous les staffs encombrants, assistants, coiffeurs, maquilleurs et tout le fourbi. Lorsqu'il fallait changer les grands rouleaux de papier qui sont le fond du décor, c'est moi qui lui donnais un coup de main, jusqu'au jour où je me suis entortillée dedans ce qui a donné la fameuse photo qui fit le tour du monde et la couverture de bien des disques et des magazines.

Sam était mon photographe de famille comme on avait son médecin de famille. Il faisait partie intégrante de ma carrière, il a su par son talent et son immense sens esthétique tirer de moi la quintessence d'une beauté nature, confiante et parfois sublime. Je dois beaucoup à Sam Lévin, grâce à lui je resterai aux yeux du monde éternellement belle, jeune, inoubliable.