Lorsqu’on lit attentivement la biographie de Pieter Brue-gel dans le Schilder-Boeck de Van Mander, qui date de 1604, on est amené à penser qu’au début du XVIIe siècle, la réputation du peintre touchait déjà au mythe, et que d’autre part, il est assez peu probable que Carel Van Mander ait jamais vu la moindre œuvre authentique de Bruegel .'Ancien.
Très tôt, la renommée de Bruegel s’était propagée grâce aux nombreuses gravures réalisées d’après ses compositions, et grâce à l’œuvre de ses deux fils, Pieter et Jan. A ce point de vue, les multiples copies que Pieter le Jeune nous laisse de l’œuvre de son père sont importantes. Pourtant, si l’on composition cet œuvre avec celui de son frère Jan, on est frappé par leur grande différence de qualité. Jan est un artiste racé, tandis que Pieter, qui est un peu mieux connu en raison du fait que sa thématique est plus proche de celle de son père, réalise des œuvres dont l’inégalité cualitative est troublante.
Cet aspect n’a pas encore réellement pu être expliqué, sinon par l’idée que Pieter le Jeune, en tant qu’aîné, aurait sans doute hérité de la majeure partie de l’atelier de son père. Un tel héritage comprenait, ainsi que le voulait . usage à l’époque, les modèles et projets de l’artiste, et permettait à l’héritier de les exploiter et de les faire prospérer. L’avenir de Pieter avait donc été assuré d’emblée. Il put copier les compositions de son père à souhait, et la quantité de ses œuvres, dans le contexte d’un marché florissant, importait sans doute plus que leur qualité.
Pour son jeune frère Jan, les choses se présentèrent bien différemment. Celui-ci hérita clairement du talent de son père, mais privé de ce droit d’aînesse, il dut bâtir lui-même sa carrière d’artiste. C’est ainsi qu’il prit le parti de se rendre en Italie, et qu’il entra en contact avec plusieurs cours princières ainsi qu’avec Rubens et son entourage. La qua-.ité, en ce qui le concernait, était une condition essentielle, qui le poussa à développer une voie toute personnelle.
Le succès exceptionnel que connut l’exposition Breughel-Brueghel» à Essen et à Vienne a montré, une rois de plus, à quel point le seul nom de Bruegel fascine l'imagination du public.
Dès son lancement, le Koninklijk Muséum d’Anvers fut impliqué dans le projet, non seulement en qualité de prêteur de plusieurs œuvres importantes, mais également en vue de reprendre l’exposition. Nous sommes heureux d'avoir pu bénéficier de cette opportunité, et de pouvoir présenter aujourd’hui à Anvers une version remodelée de cet important projet. L’aspect essentiel que constitue l'œuvre graphique réalisée d’après Pieter Bruegel l'Ancien, et qui était absent à Essen et à Vienne, est représenté ici par une sélection d’une trentaine de feuilles appartenant au Stedelijk Prentenkabinet d’Anvers.
Je tiens à remercier particulièrement Leurs Majestés le Roi et la Reine d’avoir bien voulu accorder leur Haut Patronage à cette manifestation.
Une telle exposition nécessite la généreuse collaboration de nombreux prêteurs, de collectionneurs privés et de collègues représentant des institutions ou des musées. De même qu’à nos partenaires de Essen et de Vienne, nous leur adressons nos remerciements les plus sincères.
Une initiative de cette ampleur est, par ailleurs, très onéreuse; bien que la majeure partie de cette manifestation ait été subsidiée par le Ministère de la Communauté flamande, certains aspects de l’exposition ne purent se concrétiser que grâce à la généreuse intervention de la Générale de Banque.
Soulignons également la primeur que constitue cette initiative de l’asbl des Amis du musée de former une équipe de bénévoles pour assurer l’accueil du public.
Une exposition dépend de son concept. Je ne pourrais donc omettre de féliciter ici le Dr. Klaus Ertz pour son approche personnelle et originale du sujet et pour le travail titanesque accompli dans l’élaboration du catalogue.
Ma reconnaissance va également à mes collègues, le Dr. Francine de Nave, qui dirige les musée Plantin-Moretus et Stedelijk Prentenkabinet d’Anvers, et le Dr. Eliane De Wilde, conservateur en chef des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, qui ont toutes deux généreusement participé à l’organisation de l’édition anversoise de l’exposition.
Au sein de notre musée, je tiens à remercier le Dr. Erik Vandamme pour avoir pris l’initiative d’attirer l’exposition à Anvers, ainsi que Madame Nathalie Monteyne, qui eut la charge complexe d’assurer le commissariat de l’exposition, et qui la mena à bonne fin. Je félicite également Madame Els Maréchal et son équipe du service éducatif et des relations publiques pour leur dévouement.
J’aimerais encore saluer la compétence de Monsieur Jean-Jacques Stiefenhofer, qui s’occupa du plan de montage de l’exposition. L’opinion que l’on se fait d’une exposition est en effet souvent liée à sa présentation.
C’est au Dr. Hans Devisscher que nous avons, une fois de plus, fait appel pour prendre soin de la coordination et de la rédaction des versions néerlandaise et française du catalogue.
Une exposition d’une telle envergure est, enfin, l’œuvre de l’ensemble de l’équipe d’un musée. Je suis particulièrement fier que le Koninklijk Museum ait pu prendre part à l’organisation de cet événement.