Relater l'histoire et la petite histoire du 2 Régiment de Chasseurs Ardennais, caserne à Bastogne, sans parler du problème de la défense du Luxembourg serait un non-sens, car c'est précisément ce problème, latent depuis 1870, qui est à l'origine de la création des unités de Chasseurs Ardennais.

A l'époque qui nous concerne, il n'y a, dans le Luxembourg, de Liège à Arlon, qu'un seul régiment, le 10 de Ligne.

C'est le 25 novembre 1830 que le «2e Régiment de Namur», issu de la « 18de Afdeling » néerlandaise, se voit attribuer le numéro 10 dans l'infanterie de ligne de l'armée belge. Ce régiment participe à la Campagne des Dix Jours en 1831 en prenant part aux combats de Kermpt le 7 août et de Cortessem le 8 août. Son drapeau lui est remis par le Roi Léopold Ier à Louvain, le 22 décembre 1831. En 1889, il quitte Liège et la ville d'Arlon devient sa garnison définitive.

Le problème de la défense des Ardennes ne date pas des années trente, il fut posé pour la première fois pendant la manœuvre de Sedan en 1870.
En 1912, une étude très fouillée parut dans le quotidien arlonais, le Progrès. Un ancien militaire y prônait la création d'un corps de « Chasseurs Ardennais», lequel aurait reçu pour mission de défendre la région frontière tout en jouant le rôle d'avant-garde. Ce corps, composé principalement d'infanterie, d'artillerie légère et de cyclistes aurait vu ses différents éléments tenir garnison dans les petites villes du Luxembourg : Bastogne, Bouillon, Houffalize, Marche, Neufchâteau, Saint-Hubert, Virton, etc.. Ces troupes, extrêmement mobiles et connaissant parfaitement la topographie de la région parce que recrutées sur place, auraient pu rendre d'insignes services. L'auteur de ce projet incorporait aux « Chasseurs Ardennais » les gardes forestiers, les douaniers et les agents de la grande voirie et il prévoyait parmi ses Chasseurs un nombre important de volontaires. Ce projet n'eut pas de lendemain.

En 1914, le Commandant BEM Bremer, dans une brochure intitulée « La défense et la protection du Luxembourg » demandait :

1. La constitution à Lierneux d'un détachement de 4 compagnies pour le secteur Stavelot-Houffalize.
2. Le même détachement à Bastogne pour le secteur Houffalize-Tintange.
3. Le même détachement à Arlon pour le secteur Tintange-Athus.

Il ajoutait : « Avec ce système, en cas d'alerte, ces hommes, munis de nombreuses munitions et explosifs, connaissant à fond le pays, occuperaient immédiatement toutes les routes, tous les chemins, tous les sentiers : les obstructions seraient faites, les destructions préparées puis effectuées dans une région qui s'y prête admirablement. » Il terminait par la création d'un camp retranché à Libramont.