La paroisse, en milieu rural surtout, fut, depuis Charlemagne, une cellule fondamentale de la société, la cellule la plus stable puisqu'elle a passé le cap de la Révolution française et s'est perpétuée jusqu'à nous.

Elle groupe les habitants d'un territoire déterminé sous la houlette d'un curé ; elle prend place dans le concert des paroisses d'un doyenné, d'un archidiaconé, d'un diocèse ; elle se situe dans la mouvance du Siège de Pierre.

Elle a une sœur jumelle, la communauté, dont elle épouse les relations avec le pouvoir civil : seigneurie, prévôté, province, souverain, Etat. Toutes deux voisinent et mêlent leur ombre, car le tilleul, dénommé Perron, lieu des assemblées vinagères, jouxte le clocher.

Ses relations sont si nombreuses que son cœur bat au rythme du monde, qu'il enregistre l'écho des événements de l'histoire, qu'il capte le rayonnement mystérieux des âmes.

Mais c'est un jardin secret. Dieu en tient mémoire dans ce fameux livre que sept sceaux fermeront à notre indiscrétion jusqu'au jour où le Lion de la tribu de Juda le descellera. Ce mémorialiste écrit droit avec nos courbes, dit-on. Nous ne lui disputerons pas pareil privilège.

Le projet d'une histoire paroissiale s'avère buissonnant. La pauvreté des sources décidera pourtant d'une réalisation plus humble. Les archives religieuses de l'ancien diocèse de Liège furent systématiquement envoyées au pilon par les maîtres de la Révolution française ; ce qui en reste n'est rien par rapport à ce qui a existé (2). Celles de Varchidiaconé d'Ardenne, du doyenné de Bastogne et des paroisses voisines de Nives sont l'indigence même. La paroisse de Nives présente un cas d'exception. Non qu'elle ait conservé le moindre original de l'Ancien Régime ; mais, par bonheur, des [...]