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La Jeune Peinture Belge (1941-1955) - Collection R. L. Delevoy (catalogue de Vente Publique)
Paperback / 128 bladzijden / uitgave 1990
taal (talen) : frans
uitgever : Librairie Simonson
afmetingen : 277 (h) x 212 (b) x 12 (dk) mm
gewicht : 550 gram
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A la communauté de La Cambre, le 18 novembre 1982

Avec R.L. DELEVOY disparaît un homme qui ne laissait pas indifférent et dont l’activité personnelle considérable était loin d’être achevée. Avant de devenir un critique d’art de réputation internationale, R.L. DELEVOY a montré dans sa galerie d’art, ouverte dans les années quarante, quelques-uns des artistes qui comptent aujourd’hui.

La Galerie APOLLO, située derrière la cathédrale Sainte-Gudule et dont l’enseigne nostalgique se lit encore aujourd’hui, ouvrait sa vitrine à quelques pas du Mont-des-Arts qui n’était pas encore le trou géométrique qu’il est devenu et qui poussait sa bosse verdoyante dans un quartier préservé des agissements des bureaucrates de la construction, je devrais dire des spécialistes de la mutilation urbaine.

A une époque où l’animation culturelle n’aplatissait pas de ses trucs et de ses tics l’expression vivante et créatrice, R.L. DELEVOY, avec intuition et intelligence, savait découvrir les œuvres qui valaient d’êre montrées : dans sa galerie, il a exposé et soutenu des artistes belges et étrangers dont l’œuvre s’est depuis imposée.

Ses cimaises ont notamment accueilli sur le vif des artistes du mouvement COBRA ce qui, à l’époque, révélait une sensibilité ouverte et un goût du risque peu courants.

Nourrie d’un savoir immense, soutenue par une réflexion vivante toujours en éveil, l’œuvre critique de R.L. DELEVOY traduit une passion peu commune de l’art conçu comme création toujours recommencée.

R.L. DELEVOY avait l’œil vif et le goût de l’aventure intellectuelle. Si, dans toute sa carrière, il me fallait choisir un trait particulièrement significatif de sa personnalité, je retiendrais celui-ci : qu’il n’est pas courant, je pense qu’il est même exceptionnel, qu’un homme soit, à la fois et avec autant de bonheur, l’animateur, à ses risques et périls, d’une galerie d’art ouverte sur le présent et le critique et historien d’art connu au-delà de nos frontières, auteur de livres bourrés d’idées et féconds en perspectives originales sur des artistes comme BOSCH, BRUEGEL, GOYA, KHNOPFF, ENSOR, Félicien ROPS, Gaston BERTRAND, ou encore sur les foisonnements du symbolisme.

R.L. DELEVOY s’est engagé à corps perdu dans la quête de cette « parole en suspens dans les images » qui l’avait envoûté.

S’il a jeté sur celles-ci le regard oblique de l’esprit fasciné par les œuvres où vibre, « au-delà de la rectitude des lignes et du poli des surfaces », le frémissement intérieur qui traduit la vive angoisse d’exister, et d’inventer un sens à l’existence.

Le moment est venu où, son œuvre achevée sans recours, il devient possible de mieux percevoir sa hantise d’atteindre à une écriture significative de tous les sens par lesquels l’être humain s’illimité.

Peut-être va-t-on s’apercevoir alors que cet homme, profondément secret, s’est cherché lui-même au cours de son long voyage dans la peinture, et que s’applique à lui aussi la parole de Mallarmé qu’il a citée à propos d’Ensor : « Ecrire ? Une ancienne et très vague, mais jalouse pratique dont gît le sens au mystère du cœur ».
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