Les hommes en tant qu'individus, la famille qui les regroupe et la société qui les englobe puisent leurs racines profondes dans l'humus du passé, l'homme dans son sol, son terroir, la famille dans sa tradition, la société dans son histoire. Et c'est souvent lorsqu'il est déraciné, expatrié, émigré, que l'individu ressent le plus, le vague au coeur, l'absence ou l'éloignement de sa région, de son village et revendique au plus profond de son être ses origines, proches ou lointaines.

Ainsi en est-il du Luxembourg et des Luxembourgeois; ce sont ses fils exilés qui le plus souvent et le plus intensément font vibrer l'arpège du pays qui les vit naître, sans qu'ils en soient directement originaires.

C'est aussi, grâce à Dieu, le cas pour Chiny et chacune de ses générations. Le seul nom de Chiny évoquait jadis l'épopée légendaire et obscure de ses comtes, chevaliers, prévôts, forestiers, moines et prieurs, qu'ont fait revivre en 1980 les habitants en une vaste fresque millénaire de deux mille participants. Mais il y a également le Chiny traditionnel, simple, rude, orgueilleux, fanfaron, pauvre et généreux que depuis deux générations ont décrit, relaté ou chanté les "enfants du pays" pour que ce Chiny modeste mais combien truculent ne tombe dans l'oubli et reste dans notre coeur, notre mémoire et notre souvenir.

Au XIXème siècle, Hypolite Goffinet (1816-1903) et Jean-Baptiste Goffinet-Salle (1883), l'un dans une étude historique monumentale et l'autre un modeste précis, nous transmettaient [...]