Avant d'exposer, de façon aussi complète que possible, ce que nos recherches nous ont appris sur l'œuvre pionnière de Nicolas Florine dans l'étude et l'expérimentation d'appareils à voilures tournantes, il nous semble utile d'expliquer au préalable le cheminement de notre projet dont le présent ouvrage est l'aboutissement. Notre souhait est d'inscrire plus largement dans les annales aéronautiques et de faire mieux connaître et apprécier la contribution remarquable de Nicolas Florine aux progrès de Fhélicoptère en général, mais plus particulièrement son apport significatif aux recherches sur les appareils à deux rotors de sustentation disposés en tandem. Avec l'espoir que ce dossier, que nous destinons en priorité aux archives de la Section Air et Espace du Musée Royal de l’Armée et d'Histoire militaire à Bruxelles, puisse contribuer à l'hommage que mérite Fœuvre du génial inventeur, trop peu connue et guère magnifiée en Belgique.

La rédaction du présent ouvrage nous a semblé utile, d'un point de vue historique, pour deux raisons: d'une part le caractère très fragmentaire, parfois incomplet, des informations encore disponibles: et d'autre part la grande dispersion des quelques sources intéressantes. Il fallait les rassembler et en faire une synthèse, facilement accessible, dans un seul dossier. Nous espérons avoir atteint cet objectif fondamental de notre projet.

C’est la lecture du livre "L’HISTOIRE DE L'HÉLICOPTÈRE RACONTÉE PAR SES PIONNIERS (1907-1957)”, écrit par Jean Boulet et publié en 1982 aux Editions France-Empire. qui nous a fait prendre conscience de l'ampleur et de la valeur internationale de l'œuvre scientifique et technique de Nicolas Florine. Dans les années 20 et 30 en effet, ce mathématicien, mécanicien et inventeur de génie avait bel et bien placé la Belgique dans le concert des quelques nations industrielles qui. par des études avancées et des projets concrets, entreprenaient, de par le monde, de faire progresser de façon enfin significative la technique balbutiante des machines à voilures tournantes. Dans son bel ouvrage grand format. Jean Boulet (qui fut pendant plus de 20 ans directeur des essais de la Division Hélicoptères de l'Aérospatiale) lui consacre pas moins de 7 pages, témoignant ainsi de la portée internationale de cette épopée belge de la période des pionniers de l’hélicoptère. Ce qu’attestent également d'autres ouvrages consultés depuis lors; les auteurs, des deux côtés de l'Atlantique, s’accordent à considérer l'œuvre de Florine comme une contribution marquante aux progrès décisifs de cette très complexe technologie.

Désirant en savoir plus, nous avons cherché d’autres sources d’information pour compléter nos connaissances sur l'histoire du développement de la giraviation en Belgique, un domaine aéronautique spécifique au sein duquel nous avons passé plus de 15 ans de notre vie professionnelle tout en ignorant - amère frustration! - quasiment tout de ces événements qui avaient mis notre pays sous les feux des projecteurs, à l’avant-garde de la giraviation naissante.

Nos recherches initiales furent décevantes. Moins de soixante ans après ces faits marquants, à l’exception d'une assez riche collection de photographies et de quelques écrits de Nicolas Florine lui-même et de son confrère ingénieur du Service Technique de l'Aéronautique, le professeur Frédéric Haus. nous ne trouvions dans les bibliothèques et les musées que peu de documents historiques ou techniques intéressants: pas un plan, pas une notice descriptive [...]