Le présent volume recense le patrimoine monumental occidental de la Lorraine belge, zone géographique de la Gaume.

La typologie présente différents types de bâtiments : la maison du journalier groupe le logis et l'étable. La ferme bicellulaire appartient à de petits artisans ou à des manouvriers. Le logis y avoisine l'étable ou la grange. La ferme tricellulaire est la maison type du laboureur. De plan carré à l'origine, elle s'élargit au XIXe s. En façade, elle groupe logis, étable et grange. Enfin la ferme quadricellulaire pré -sente en façade un logis dominant ou non, l'étable, la grange et l'écurie.

À côté des fermes traditionnelles, on trouve des fermes-châteaux dans la tradition de l'hégémonie culturelle de la France avec plan en L ou en U, toits à la Man-sart, hautes fenêtres à linteaux échancrés, entrée rehaussée d'une porte ouvragée avec baie d'imposte, jardins enclos et cour pavée comme en témoignent la Ferme Belle Vue à Romponcelle, la Baronnie à Jamolgne et la ferme n° 21 place des Tilleuls à Gérouvllle.

Pour proposer un «florilège» du patrimoine monumental gaumals, on peut remonter aux Xe-Xle siècles, époques durant lesquelles on conserve maints édifices religieux, romans en partie, existant toujours, comme l'église St-Martin de Vleux-Vir-ton, construite aux IXe et Xe s., où une porte romane enorgueillit le milieu de la façade latérale S. L'église St-Wllllbrord à Vance se caractérise par une tour accrochée à une nef reconstruite en 1746. Comme les deux autres, la tour de l'église St-Martin de Jamolgne en Impose par son emplacement antique sur une butte comme à Vlllers-sur-Semols.

Le milieu du XIIe jusqu'au XVe s., époque de l'essor du style gothique coïncide avec l'arrivée des cisterciens, «ambassadeurs» de ce nouveau mode de constructions plus élancées et plus ajourées. Ainsi l'église abbatiale d'Orval (v. 1180-1200) passe pour être la doyenne des églises gothiques de Belgique pour l'utilisation du plan «bernardin» voûté d'ogives. Outre cet Important chantier religieux, des villes neuves apparaissent également. Gérouvllle, autre dépendance de l'abbaye d'Orval, apparaît en 1258 presque en même temps qu'Étalle-Lenclos.

Durant les Temps modernes, le château de Salnt-Mard (1589) constitue l'exemple type d'un château militaire de tradition médiévale qui ne se muera en demeure d'agrément qu'au XVIIIe s. Le style renaissant ne s'affiche que dans les cartouches millésimés, les bossages, les frontons courbes, les cordons moulurés en tore.

Aux XVIIe et XVIIIe s., plusieurs églises et chapelles sont tantôt construites, tantôt réaménagées : la chapelle des Marrons de Vieux-VIrton (déb. XVIIe s.), l'église de Muno (1665), la tour d'Habay-la-VIellle (1684), Chasseplerre (1702), Rouvroy (1709), Izel (1721), Jamolgne (1724), Martué (1726), Rossignol (1731). Dans toutes ces constructions mononefs (église-salle), l'aspect théâtral du Baroque s'illustre dans un mobilier chatoyant de qualité qui rehausse également les deux ermitages de Torgny (v. 1636, 1729, 1840) et de St-Léger (1678).

SI le Baroque perdure au XVIIIe s., Il n'exclut pas le rayonnement de l'hégémonie culturelle de la France qui Impose le modèle du château (disposé en U) dont l'aire du repos regarde les jardins. Significatifs à cet égard, apparaissent les châteaux du Pont d'Oye et de la Trapperle avec son long garde-corps de style Louis XIV ceignant les étangs.

Le XIXe s. n'est pas seulement l'ère de l'hlstorlclsme des styles «néo» qui foisonnent en Lorraine. Il s'illustre également par une multiplication d'édifices publics : hôtels de ville - dont celui de Vlrton marqué par l'Influence de A. Palladio - les gares (Lamorteau), les écoles communales (Chlny, Vlrton), les kiosques (Salnt-Mard, Vlrton). En outre, les lavoirs (Ansart, Châtlllon, Chasseplerre), les puits communaux (Laculslne), les abreuvoirs et les fontaines (Tintigny) ressortissent également à l'éclectisme du «néo».

De l'église ou du château jusqu'à la croix de chemin, le patrimoine monumental de l'arrondissement de Vlrton apparaît comme singulièrement privilégié par la présence de millésimes frappant les cartouches ou les clés des linteaux de baies des constructions. Ils permettent ainsi, en principe, la datation Irréfutable d'un patrimoine aux formes plastiques citadines parfois, racées souvent, attachantes toujours...