Au début du 19e siècle, Ottignies est un petit village, avec son église, ses deux moulins à eau, quelques grosses fermes, le château et ses habitations rurales. La superficie d'Ottignies comprend une quinzaine de kilomètres carrés dans un site accidenté où la Dyle trace un sillon profond. Sur les plateaux, le sol est limoneux, l'agriculture y est florissante. La population est en lente progression: 1317 habitants en 1846, 2025 en 1896.

Le cadre change en 1854 par l'établissement de deux voies ferrées d'une importance capitale: Bruxelles-Luxembourg et Louvain-Charleroi. Ottignies devient un noeud important de communications ferroviaires; une immigration d'agents de chemin de fer augmentera la population et cet apport s'accentuera après la première guerre mondiale, par suite de l'installation des ateliers de réparations de locomotives.

En 1970, la population atteint 6003 habitants. Une seconde paroisse a été instaurée à Blocry en 1914, autour de l'église dédiée à Saint-Joseph. Une troisième paroisse a été créée en 1960 pour les habitants du Petit-Ry; l'église y est dédiée à Saint Pie X. Entre les deux guerres, la commune se modernise. Une clinique s'installe, englobant le château du Chenoy. De nouveaux quartiers urbains éclosent. Mais le site général reste toujours attrayant: la vallée de la Dyle, ses versants abrupts, les hauts plateaux aux larges horizons, les bois de feuillus, procurent autant de perspectives différentes et agréables, qui entourent et agrémentent des centres habités et paisibles. La deuxième guerre mondiale fait d'Ottignies, à plusieurs reprises, un champ de bataille: en 1940, l'affrontement des armées française et allemande sur la Dyle; en 1944, un bombardement aérien meurtrier; quelques mois plus tard, les événements de la libération. Chaque fois, la commune a dû payer un lourd tribut à la guerre.

Celle-ci terminée, l'épanouissement d'Ottignies s'est graduellement poursuivi; il a atteint son point culminant en 1972, lorsque, sous la dénomination de ,,Louvain-la-Neuve", la section francophone de l'Université de Louvain est venue s'installer sur le plateau de Lauzelle. Il va de soi que cette nouvelle situation a déjà fortement changé l'aspect de la commune et le changera davantage. Le campus universitaire de 800 hectares va marquer profondément la vie future de la cité.

Ces importantes mutations, qui ne sont qu'à leur début, modifieront définitivement le visage d'Ottignies et en feront une ville moderne, résidentielle et un centre de culture intellectuelle. C'est pourquoi il sied de se tourner un moment vers le passé: le but de ce petit album d'anciennes cartes-vues est de rappeler aux habitants de la commune quelques aspects que les jeunes n'ont jamais connus. En comparant ce qui était à ce qui est, ils pourront en tirer un enseignement précieux: la simplicité de la vie passée, le calme de l'environnement, les sites reposants, ne laissant transpercer qu'à peine les efforts pénibles de nos ancêtres dans une vie dure, difficile et austère, contrastant singulièrement avec notre vie moderne, luxueuse certes, mais agitée et tracassière, où les derniers vestiges du paysage sont engloutis par l'asphalte, le béton, le verre et le plastic.

Ce petit album de vieilles cartes-vues d'Ottignies, qu'édite la Bibliothèque Européenne de Zaltbommel, servira de complément utile à ceux qui s'intéressent au passé de leur commune, dont un aperçu, à la portée de tous, est en voie de préparation.