Pourquoi rééditer « Der Adler» sinon pour offrir aux collectionneurs, aux amateurs de documents rares et à ceux qu'intéresse l'Histoire, la reproduction fidèle de cet illustré allemand consacré à l'aviation.
En lisant « Der Adler» on y fera la part de la propagande à la Goebbels et celle de la vérité. On n'oubliera pas qu'en mai 1940, le IIIe Reich possédait 3 000 avions de première ligne, 300 appareils de liaison et 350 de transport.
En face de ces escadrilles, celles des Alliés: 900 avions anglais basés en Grande-Bretagne, 300 sur le continent, ajoutez-y 800 avions français et quelques appareils belges presque tous démodés.
«Der Adler» est illustré de nombreuses photos à travers lesquelles, on revit tant de drames, depuis mai 1940 jusqu'à l'écroulement de l'empire nazi.
Souvenez-vous: 16000 parachutistes allemands atterrissent en Hollande méridionale et la 22' Division aéroportée neutralise la région de La Haye, pendant que la 7e Division aéroportée se fixe pour objectifs Rotterdam, Dordrecht, Moerdyck. On vit même, sur le Waal, des hydravions de la Luftwaffe! Et qu'on se souvienne aussi des planeurs débarquant les assaillants d'Eben-Emael en Belgique.
«Der Adler» nous permet de mieux connaître les origines des succès aériens de Hitler, au début de la guerre.
Si la Luftwaffe fut créée en 1935 et organisée d'abord par Milch et Goering, elle ne faisait que renouer avec une tradition, outre-Rhin.
En 1914, l'aviation militaire de Guillaume II comptait déjà 170 appareils: des Taube, des Aviatik, des Albatros, des Zeppelins aussi. Deux ans plus tard, l'Allemagne mettait en service plus de 1 000 avions divisés en 95 escadrilles de chasse, de bombardement et d'observation. Le gros biplan Gotha pouvait porter 600 kg de bombes à 1 000 kilomètres.
Chiffre très oublié: de 1914 à 1918, l'Allemagne fabriqua 48 000 appareils et ses forces de l'air comptèrent 5 000 morts.
Durant l'entre-deux guerres, en 1926, nait la Lufthansa, compagnie d'aviation civile qui sera la première à catapulter un avion depuis le pont d'un cargo, la première aussi à assurer la liaison aérienne Brésil-Chili et des vols réguliers, dès 1934, au-dessus de l'Atlantique-Sud.
Pendant ce temps, les pilotes de la future Luftwaffe à laquelle "Der Adler" consacre tant de pages, se forment clandestinement.
Ils sortent de l'ombre, en 1936, et ils ont trois chefs parmi dautres: Goering, Sperrle, Milch qui collaborent avec von elring afin d'harmoniser l'action tactique des forces terres-et aériennes.
La Luftwaffe se rode durant la guerre civile d'Espagne et en 1939, elle représente la plus puissante aviation militaire du monde.
A l'apogée de sa force en mai 1940, elle contribue à écraser les alliés occidentaux sur le continent après avoir vaincu la Pologne.
Mais les chefs de la Luftwaffe commencent, alors, à commettre des erreurs qui auront de lourdes conséquences pour le IIP Reich.
De 1939 à 1945, les nazis fabriquent 113 000 appareils dont 35 000 chasseurs, 30 000 bombardiers, 2 000 avions à réaction.
Statistiques impressionnantes, certes, mais qui dissimulent d'énormes fautes. Quelles fautes? Celle de construire beaucoup trop de bombardiers et pas assez de chasseurs, car il aurait fallu qu'en collaboration avec un réseau très dense d'artillerie antiaérienne, de nombreuses escadrilles de chasseurs protègent le territoire allemand lui-même, surtout après l'échec des sauvages et brutaux raids ordonnés par Goering contre l'Angleterre.
Le gros maréchal de l'Air était obnubilé par les succès qu'avaient remportés ses Stukas sur le front occidental en mai-juin 1940.
«Der Adler» vante souvent ce Stuka qui était un Junkers 87 ainsi baptisé en 1939. Pourvu de 2 mitrailleuses, de 500 kg de bombes, d'une vitesse de 390 km à l'heure et capable d'atteindre 7 000 m d'altitude, cet appareil était en contact radio avec les chars. Il avait remporté à Sedan notamment, en 1940, de brillantes victoires. Celles-ci aveuglèrent les maîtres du IIIe Reich et souvent, les rédacteurs de «Der Adler» et ses illustrateurs. Aujourd'hui, la fameuse revue allemande est très recherchée par les collectionneurs, notamment ceux qui appartiennent à la nouvelle aviation militaire d'Outre-Rhin. Ne compte-t-ëlle pas 1 500 appareils et 80 000 hommes dont 20 000 navigants?
S'il y a une leçon à tirer de la lecture de «Der Adler», c'est bien celle-ci: seule une forte aviation permet aux peuples de s'éviter le coût écrasant et effroyable d'une guerre. Encore faut-il ne négliger aucune des missions de cette aviation.