Enfin, un vrai livre de vulgarisation sur la Résistance ! Après trente-quatre ans, ce n'est pas trop mal.

Il faut bien dire que, depuis la Libération, l'attention s'est concentrée essentiellement sur les victimes de la guerre et l'impact des mauvais traitements (extraordinairement mauvais) subis par les prisonniers politiques dans les camps de concentration.

Depuis la Libération, maints ouvrages ont été publiés sur les camps de concentration, sur les activités nazies pendant la guerre, sur l'occupation et tous ses aléas, sur les déportés et réfractaires et aussi quelques textes romancés sur la Résistance.

Bien entendu, la télévision n'est pas restée sans agir et c'est le spectaculaire qui l'a emporté largement sur le réel.

En tout état de cause, il est évident que tout ce qui fut traité dans les livres, à la radio et à la télévision n'aurait pu avoir lieu s'il n'y avait eu la Résistance, base de départ indiscutable de toutes les activités patriotiques sous l'occupation et qui mena inévitablement à tous les excès connus et décrits.

Aussi, je me réjouis de la parution d'un ouvrage qui vient à son heure et qui traite "enfin" de la Résistance.

Faire connaître aux générations qui n'ont pas connu la guerre, tous les méandres, tous les obstacles et toutes les vicissitudes de la Résistance, constitue un grand mérite. Et c'est fort bien ainsi, car le présent ouvrage donne à la postérité les éléments essentiels de la naissance, de la vie, de l'existence et des innombrables difficultés rencontrées par tous ceux qui, au lendemain de l'occupation de leur patrie par les bottes ennemies, décidèrent, isolément d'abord, et en groupes de plus en plus nombreux ensuite, de porter des coups sévères, sinon mortels à un ennemi implacable et cruel.

Nous avons l'avantage, dans notre pays, comme dans tous les pays occupés de l'Europe d'ailleurs, d'avoir connu une Résistance très large venant de tous les horizons politiques, philosophiques ou religieux et qui, avec une égale bravoure et un total désintéressement, se consacra à la libération du territoire et au rejet de l'occupant.

Il est bien connu que dans la Résistance, certains étaient motivés par des options politiques précises existant bien avant la guerre (tous les antifascistes). La majorité écrasante, cependant, était constituée de gens de tous âges et de tous niveaux, social ou intellectuel et qui n'avaient qu'un seul but : "bouter dehors l'occupant".

Evidemment, depuis la Libération du territoire, les "idées" ont fait leur chemin et tout ce quj nous fut rapporté au lendemain de la Libération concernant les excès ignobles des nazis, influença d'une manière décisive les multiples organisations de résistants, au point d'en faire des antifascistes et antinazis convaincus.

La Résistance, telle qu'elle fut réellement, mérite d'être connue sous tous ses aspects pour le plus grand bien de son honneur et surtout pour permettre d'effacer certaines images défavorables nées d'excès à la Libération.

Chacun sait, aujourd'hui, que la vraie Résistance a donné des preuves tangibles de son abnégation et de son désintéressement total et chacun sait aussi qu'il s'est trouvé au lendemain de la Libération des gens ou des individus qui ont profité du "3 septembre" pour régler, au nom de la Résistance, quelque compte personnel.

En conséquence, je me permets de féliciter vivement, en ces quelques lignes, les auteurs de cet ouvrage, car leur appréciation et leur manière de présenter la Résistance sont un baume sur les plaies de mon âme d'ancien Résistant peiné par toutes les médisances et narrations erronées relatives à la Résistance belge sous l'occupation.

De tout cœur, je souhaite que cet ouvrage, qui se présente au moment précis où le danger d'une résurgence du nazisme et fascisme pointe à l'horizon, ne soit que le premier volume d'un ensemble bibliographique enfin sérieux et digne de foi.