Ecrire la préface d'un livre qui n'est autre qu'un album de photos anciennes n'est pas chose aisée. Cela peut même sembler prétentieux! On a tant écrit sur Nivelles, on a tant dit, que cet opuscule semble dire aux doctes "reposez votre esprit en amusant vos yeux". Telle sera sans doute sa destinée. Nous pensons que ce défilement d'images anciennes servira à mieux définir ce que fut Nivelles "avant" Mais avant quoi? Peut-être avant le bruit, la course, les bandes pour piétons et les parkings jamais assez grands, toujours pleins à bord et d'un ambition sans bornes. Il aidera sans doute ceux qui sont las et recherchent ailleurs ce qui semble perdu, entendez la vie simple avec son inconfort, à retrouver ce que l'instinct rappelle. Il faut vivre, bien vivre, donc en paix.

Or, Nivelles semble demeurer ce havre dont rêvent les torturés du siècle. Plantée parmi ses vallons paisibles, à l'écart des lourdes industries, elle semble mettre une coquetterie toute particulière à rester jolie, comme une auberge où l'on revient tant la chère y est bonne. Et puis, il y a dans son air un je ne sais quoi de candeur, comme un goût de prunelles, une odeur de genêt ainsi qu'il devait sentir dans les grandes armoires de famille. Et puis encore, même pour celui qui par hazard ne connaîtrait pas ses amours anciennes, elle porte en elle un petit air de France qui plus que d'autres cités Wallonnes la font chaleureuse et tendre. Rien n'est brutal à Nivelles, et le parler de ses gens ne fait qu'en adoucir l'esprit. Dans les images qui chemineront, on y découvrira sans doute la physionomie des cités préfectorales avec leurs places et placettes, leurs hommes illustres qui sourient aux monuments et les petits clochers rieurs. Tout autour la campagne, et ses fermes blanches. C'est le Roman pais, dont la tiède atmosphère inspira tant de rêves.

Il y aura, c'est la règle du jeu, quelques légendes dessous chaque image. Sont-elles bien utiles? N'y aura-t-il pas quelque chercheur pointilleux qui dira devant une discutable date "Erreur! " et s'en ira parmi ses doctes amis jeter l'opprobre sur les mots...

Donc, restera l'image et si la fontaine naquit d'un fontainier mal connu ou suspect quant à la vérité, il n'en restera pas moins que la fontaine est jolie, qu'elle est l'ornement d'une page, et qu'au fond, c'est tout ce que l'on demande.