Le 29 septembre de chaque année ou le dimanche qui suit, le Tour sainte Gertrude célèbre celle qui a été à l'ofigine du renom de Nivelles.
Que de chemin parcouru depuis le jour où une fillette de douze ou treize ans brava l'autorité paternelle pour jeter les bases d'une prestigieuse abbaye, bâtie au centre du domaine mérovingien.

Nivelles recèle aujourd'hui encore dans sa mémoire des traces émouvantes d'un passé dont elle veut chaque jour se souvenir. Le désastre de mai 1940 lui aura pourtant révélé les vestiges des bâtiments qui ont précédé l'édifice collégial que nous connaissons et « qui est aussi l'acte de foi de tous ceux qui, venus d'horizons variés avec des talents divers, l'ont fait et refait avec amour au fil du temps, pour donner aux hommes un lieu de méditation sans pareil ».

Mais la tradition a aussi porté jusqu'à nous un témoignage remarquable, constamment enrichi, de ce que les hommes peuvent organiser de plus intensément vécu, en y intégrant leurs différences sociales, religieuses ou politiques, pour faire triompher l'expression d'une foi commune dans ce qui, depuis des siècles, les rassemble. La procession, née d'un événement dont nous avons perdu la trace, dans la seconde moitié du XHIe siècle, a engendré une fête. Toutes deux ont traversé les siècles, se sont amplifiées, ont résisté à l'usure du temps et se sont relevées des épreuves qui auraient dû consacrer leur disparition définitive.

La procession et la fête sont une synthèse. Affirmation des clivages des groupes sociaux. Concurrence aussi entre ces derniers, parfois exprimée avec violence comme nous le verrons. Mais, dépassant les antagonismes, un sentiment unitaire a progressivement émergé. La procession et la fête de Nivelles sont donc un triomphe, mélange subtil de religieux et de profane, dosage circonspect d'oppositions farouches et de convergences discrètes, mais réelles.

La procession et la fête sont intégrées à la société dans laquelle elles ont évolué. Envisager les premières sans aborder la seconde serait perdre le sens, ...