L'exposition Pourbus, qui s'inscrit dans une série d'expositions organisées à Bruges depuis plusieurs années par les musées communaux, donne une nouvelle fois la parole aux «Beaux-Arts», quoique, comme le montre ce catalogue, Pierre Pourbus ait été bien davantage qu'un maître-peintre. Son talent, qu'il exerçait sous des formes très diversifiées, mais qui était cependant celui d'un artiste complet typique de la Renaissance, sera largement commenté dans les pages qui suivent et dans l'exposition elle-même. De par son but et son thème, l'exposition Pourbus rejoint, dans la série des expositions de la ville de Bruges, l'exposition monographique consacrée en 1965 à Jean Gossaert dit Mabuse, autre peintre éminent de la Renaissance des Pays-Bas mais dont la carrière ne fut pas aussi mêlée à la vie brugeoise que celle de Pierre Pourbus. L'exposition Gossaert de 1965 avait d'ailleurs été organisée simultanément dans deux villes, Rotterdam et Bruges, et grâce à la collaboration de deux musées, celui de Bruges et le musée Boymans-van Beuningen. De plus, la rétrospective Gossaert de 1965, comme toutes les grandes expositions antérieures à Bruges, avait exigé l'évacuation d'une grande partie des salles du musée Groeninge.

Par contre, l'exposition Pourbus 1984, qui prévoit également une abondante documentation évocatrice de son époque, a été organisée par les seuls musées communaux de Bruges, avec toutefois le soutien financier dont nous remercions le Crédit communal de Belgique; et elle a lieu dans les salles des malades de l'ancien Hôpital Saint-Jean (Musée Memling).

On pourrait aussi voir dans cette exposition Pourbus, le second volet d'une manifestation à caractère scientifique, consacrée à l'art de la Renaissance à Bruges et répartie sur deux ans. En 1983, les musées communaux organisèrent en effet une exposition monographique Hubert Goltzius, à l'occasion du 400e anniversaire de son décès. L'exposition de 1983 dédiée à l'imprimeur, éditeur et numismate qu'était Goltzius, fut montée au musée Gruuthuse; celle de 1984, consacrée au peintre, cartographe et ingénieur Pourbus a lieu, nous l'avons dit, à Saint-Jean, hôpital datant du moyen-âge.

On peut justifier de différentes façons le choix de ces salles des malades comme lieux d'exposition. Il n'est plus, tout d'abord, dans les intentions de la ville de Bruges de faire évacuer, pour les mettre à la disposition d'expositions temporaires, les salles nouvellement aménagées du musée Groeninge et d'empêcher ainsi les visiteurs toujours plus nombreux d'avoir accès aux collections permanentes.

D'autre part, les salles fraîches de l'Hôpital Saint-Jean sont, du point de vue climatologique et atmosphérique, mieux à même de garantir en été, et principalement aux grands retables des églises brugeoises, un environnement naturellement climatisé comparable à leur environnement habituel. En troisième lieu, la proximité de la collection Memling offre au visiteur l'occasion unique de confronter Memling et Pourbus qui, dans ses portraits, a en partie continué l'œuvre de ce grand maître pour lequel il avait une profonde admiration.

Le choix de l'Hôpital Saint-Jean comme lieu d'exposition avait cependant un inconvénient. L'infrastructure muséologique était inexistante dans ces salles, bien que par ailleurs elles puissent, à notre avis, fort bien servir de salles d'exposition: le mobilier (socles, parois, comptoirs, etc.) et les appareils d'éclairage (rails et spots) ont donc dû être nouvellement conçus et montés. Nous pouvons d'autre part y voir un aspect positif, et considérer que, huit ans après la grande exposition qui avait pour thème l'Hôpital Saint-Jean lui-même et connut un très grand succès, l'exposition Pourbus pourra prouver une nouvelle fois que ces [...]