La société d'oralité vivait, réellement, la confusion qu'elle considérait comme indispensable.

Elle exigeait de ses membres qu'ils se fusionnent dans un moule commun ; qu'ils se coulent fidèlement, docilement, dans les déjà-là ancestraux ; qu’ils assurent leur survie et celle du groupe en (sjinterdisant la transgression et l'alternative.

A y regarder de près, notre société actuelle, qui est société d'électronalité, nourrit ia même souciance.

Alors que depuis le moyen âge, la culture scribale a tant fait pour nous apprendre à élucider et, par l'élucidation, échapper à toutes sortes de confusions.

Il est donc urgent de se remettre à l'identification.

Revivre Ohey, de Rose LALLEMAND et Adolphe RONVEAUX, répond, de façon exemplaire, à cette exigence.

Alors que la Wallonie entreprend de se donner un futur et que, selon Michel Quévit, nous sommes en quête d'un nouveau paradigme, en recherche de nouveaux modes d'être au monde, de façons nouvelles de vivre nos relations.

Ce livre nous montre ce que nous avons à faire : dans ce qui est produit par la fusion des communes, interrompre les effets de confusion ; re-connaitre les villages originaires, pour vraiment réussir les nouvelles interrelations ; continuer à investir nos mémoires communes dont nous avons besoin, comme de pain quotidien, pour construire du nouveau.

Ainsi, dans un grand et premier effort, en guise de fondement, rassembler, comme Ici, dans ce livre, tous nos repères et en mettre le relevé à disposition.

Textes, vieilles pierres, paysages ; images et photos ; toponymes et anthroponymes ; dictons et légendes ; toutes sortes de mobiliers et d'immeubles, de saveurs et de sensibilités ; tous ces implicites que, depuis des générations, nous avons en commun.

Afin que les aînés continuent à se souvenir.

Que les jeunes apprennent, sans (se) faire trop d'illusions.

Et que tous, nous pratiquions le judicieux usage de la mémoire et de l'oubli.

Se délecter aux sens des choses.
Se passionner de découvrir son antériorité.
En goûter les réelles saveurs.
Se gratifier de les faire connaître, de partager, donc, ce que l'on aime en l'ayant vivement reconnu.
Bref, cultiver l'histoire de son village.
Pour le plaisir du sens et du partage.