« Le village a une âme et la ville une figure » a écrit Jacques de Lacretelle. S’il est aisé de s’en convaincre à la vue des créations urbaines du monde contemporain, quel qu’en soit le lieu, on en doute à regarder et, surtout, à « écouter » les témoignages photographiques que l’on connaît de Limoges à la Belle Epoque.

Les années qui précèdent la Grande Guerre représentent bien peu dans l’histoire d’une ville au passé deux fois millénaire. Ce sont pourtant des années de vie intense, celle d’une cité en pleine évolution — en crise de croissance — avide de progrès, à la fois confiante et inquiète de son avenir mais enthousiaste à découvrir le vingtième siècle, au mil des temps modernes. Elle écrase sans regret ses vieux quartiers pour se donner le visage d’une vraie grande ville, perce des avenues, construit des édifices à la mesure de ses ambitions. Sa vie publique est active. On ne manque pas de célébrer les événements locaux, qu’ils soient faits de joie ou de deuil. On se retrouve dans la rue pour assister au cortège, à la fête, pour applaudir ou se recueillir, au besoin pour se battre.

Malgré son étendue et le chiffre de sa population qui font d’elle l’une des plus importantes villes du centre de la France, Limoges compte à la fois des quartiers d’implantation historique, des rues et places vouées au commerce, des faubourgs industrieux ou semi-industrieux ou semi-campagnards, tous occupés à leurs activités propres, par vocation ou nécessité, avec leur caractère et leur mode de vie. Ces aspects multiples, riches d’originalité, font ressentir quelle vie les anime, quelle mentalité les différencie, parfois les sépare, mais les unit dans un même attachement à leur ville.