Lorsque j’ai commencé la rédaction de cet ouvrage, j’avais l’intention de ne donner qu’une description exclusivement technique de la réalisation du réseau autoroutier belge et de ne citer, les Services publics, personnes et entrepreneurs qui ont collaboré à cette tâche imposante.

Toutefois, je me rendis très vite compte que cet ouvrage aurait présenté une grande lacune si j’avais passé sous silence le rôle de la grande et petite politique, notamment dans l’extension d’abord, ensuite dans la réduction du réseau autoroutier et, parfois dans le déplacement de certaines parties de tracés de ces routes.

L’histoire de la réalisation des autoroutes belges est un reflet parfait de l’évolution surprenante en Belgique durant les deux dernières décennies. Les années soixante marquaient l’indépendance du Congo (Zaïre); c’était une décennie de révolutions se succédant rapidement, un accroissement explosif de prospérité mais aussi de démagogie, un recrutement massif, une immigration illimitée et une prolifération des institutions officielles.

La décennie suivante démentit l’optimisme euphorique et conduisit à des problèmes considérables, par un chômage croissant, par une inflation inadmissible, par des impôts en hausse et par l’accroissement des dettes publiques et étrangères, pour n’en citer que quelques uns.

Les tensions citées ci-dessus ont eu leur influence sur la forme et l’étendue de notre réseau autoroutier.
Le but de cet ouvrage est principalement technique, mais les aspects non techniques seront également mis en évidence régulièrement. Par quelques anecdotes, j’espère rappeler l’atmosphère du passé dont la connaissance est indispensable à la compréhension de certaines décisions du moment.
Je n’ai pas voulu aborder le problème de l’avenir des autoroutes, car celui-ci dépend defacteurs et de décisions imprévisibles. En effet, si le transport national et international de personnes et de marchandises sur les autoroutes belges continue à augmenter, et si le degré de saturation des autoroutes est dépassé, on devra choisir entre les trois solutions suivantes : continuera élargir les autoroutes existantes, en construire de nouvelles ou limiter le transport par autoroutes.

Dans la même optique, on devra reconsidérer le rôle du transport national et international par chemin de fer et par air.

On pourrait rendre plus économique, plus attrayant et plus rentable les deux derniers moyens de transport. Mais nefaudrait-t-il pas s’attendre, dans un lointain avenir, à une saturation et ne devra-t-on pas alors aussi agrandir le réseau ferroviaire et les aéroports ?

Quelle que soit l’évolution du transport dans l’avenir et quel que soit alors le rôle des autoroutes, le réseau autoroutier devra être entretenu s’il doit remplir ses fonctions. Son entretien est aussi important que ne le fut sa construction.