L’arsenal de Namur, bâti sur les directives de Vauban en 1692-1693, est le seul édifice militaire du genre à subsister en Belgique, qui puisse se prévaloir d’une telle ancienneté et revendiquer une aussi Illustre «paternité».

Son achat par les Facultés en 1977 et sa restauration à présent terminée sont à marquer d’.une pierre blanche : un témoin privilégié du passé militaire de la ville est sauvé. Et bien sauvé. Par sa destination même, ce bâtiment enclos en ses murs sévères avait tout pour décourager l’intérêt ou la curiosité des Namurols et des autres. Sa nouvelle affectation socio-culturelle en fait désormais un lieu d’ouverture de la communauté universitaire vers l’extérieur et réciproquement.

L’événement est Important. Il ne pouvait manquer d’algulllonner la sensibilité et la réflexion de l’historien. Que salt-on et que subsiste-t-ll des arsenaux que Vauban a fait édifier dans les places fortifiées par ses soins aux frontières sans cesse mouvantes de la France de Louis XIV ? Présentent-Ils des traits communs, un «air de famille», à l’Instar d’autres bâtiments militaires tels que magasins à poudre et casernes, pour lesquels le grand Ingénieur avait dessiné un plan type que l’on trouvait réalisé aux quatre coins du royaume ?
Ce fut d’abord le thème d’un exercice pratique de bibliographie auquel ont «mordu» l’an dernier —ce n’est pas Incompatible et le terme n’est pas trop fort— les étudiants de première candidature en histoire des Facultés, que je désire d’emblée citer et remercier Ici (*).

L’enquête a porté sur trente-cinq villes de la frontière Nord-Est fortifiées par Vauban et ses Ingénieurs dans la seconde moitié du XVIIe et le tout début du XVIIIe siècle : de Gravelines (Nord) à Salins (Franche-Comté), en passant par la Belgique, la Picardie, la Champagne, la Lorraine, l’Alsace et la Bourgogne. Elle a permis de réunir des Informations de valeur très inégale et souvent dispersées depuis le siècle dernier dans quantité de revues locales malaisément accessibles. Des Informations, aussi, d’un pointillisme désespérant, portant davantage sur les fortifications proprement dites que sur les bâtiments militaires, qui nous Intéressaient directement. Plus d’un étudiant aurait pu faire sienne la réflexion agacée que Sterne prête au père de Tristram Shandy à l’adresse de son malheureux et attendrissant frère Toby, racontant pour la énlème fols les circonstances de sa blessure reçue au siège de Namur de 1695 «près de la porte de Saint-Nicolas» : «Au diable la science des fortifications et ceux qui l’inventèrent [...]. Quand on me donnerait Namur et toutes les villes des Flandres par-dessus, je ne voudrais pas, non, je ne voudrais pas, mon frère, avoir une tête aussi pleine de sapes, de mines, de culs de sac, de gabions, de palissades, de ravellns, de demi-lunes et de toutes ces foutaises» !