De 1830 à 1850 l’Europe traverse une importante crise économique et une crise morale d’autant plus grave que celle-ci s’achèvera dans les désillusions de la révolution de 1848.

C’est dans cette atmosphère que Félicien Rops passe son enfance et sa jeunesse à Namur où il naît le 7 juillet 1833.

Fils de riches négociants en tissus, c’est dans ce climat de bourgeoisie aisée qu’il fît des études soignées d’abord chez les Jésuites de sa ville natale qui lui inspireront par la suite les plus féroces caricatures anticléricales de son époque; et ensuite à l’université libre de Bruxelles. On ne saurait donc reprocher à Rops ni ses limites ni ses excès. De par nature membre du nouvel ordre social, de par esprit libertaire, il ne peut être que du parti des Révoltés jamais de celui des révolutionnaires. La commune de Paris ne laissera sur lui que peu de traces.

Tout se passe donc pour Rops comme s’il était cet archétype même sorti des mots d’un de ses illustres contemporains «Je suis la plaie et le couteau et la victime et le bourreau».

Symboliste, décadent, Rops ne peut que l’être aussi. Quand il vient à la création le Romantisme — cette idée finalement Bonapartiste — à fait son temps. L’élan, la clarté du Romantisme n’ont plus leurs raisons d’être après la révolution de 48. Des désillusions, des déchéances que crée la mise en place de la nouvelle classe, Rops va tirer ses premières caricatures.

Avec la fondation à Bruxelles du journal satyrique Uylenspiegel commence véritablement sa carrière artistique. Il collabore régulièrement à ce journal jusqu’en 1862.

A partir de 1858, Rops s’attache à la gravure qui restera son moyen d’expression essentiel jusqu’à sa mort. Comme nombre de ses contemporains tels Daumier, Gavarni, Doré et bien d’autres, Rops eut l’ambition intuitive de rénover les arts en s’appuyant sur l’industrie, fait essentiel qui ne cessait de jouer un rôle croissant dans la culture de l’époque. Cette idée qu’ils furent les premiers à mettre en œuvre entrera pour beaucoup — moins d’un siècle plus tard — dans la notion de «musée imaginaire».

Mais là encore Rops laisse apparaître ses contradictions déchirantes en tentant à travers la multiplication des images de conserver [...]