« Je suis né à Liège, sur la vieille place du Marché, le 20 février 1876, un dimanche, présage d’une existence heureuse, dans la poussière de tabac que mon père faisait fabriquer par de très vieux ouvrier^ qui semblaient être de la famille. Aussitôt, mon grand-père maternel humecta mes lèvres goulues d’un tout petit peu de vin vieux de Bourgogne provenant d’un flacon qu’il vida à ma santé. C’est ainsi que sontbaptisés les fils de notre vieille bourgeoisie liégeoise. Louvrier remplace le vin par quelques gouttes du joyeux pèket local. »

La première phrase de Mémoires d’un vieux Liégeois donne bien le ton de l’œuvre : la joie de vivre, la jovialité, le respect et l’amour du peuple, un don d’observation extraordinaire de nos vieilles traditions wallonnes.

Rodolphe De Warsage raconte avec bonhomie et simplicité la vie de la Cité Ardente : « évitant les discours ennuyeux des archéologues, je vais vous parler de Liège de manière plus aimable. » La manière est en effet fort agréable : Les Mémoires sont truffées de plus de 100 anecdotes souriantes, de traits humoristiques, d’historiettes cocasses : « lorsque tôt le matin, le brave Barnabé, ouvrier de la fabrique paternelle me conduisait par la main jusqu’à la porte de l’école primaire, je m’arrêtais toujours à l’échoppe de l’une de nos braves dames du Marché. J’y choisissais un fruit à ma convenance et je l’emportais après a voir salué fort poliment la marchande. Je n 'oubliais qu ’une chose : solder le prix. Alors, je pensais qu’on faisait boutique par amusement. La fruitière passait, le samedi, parla caisse paternelle. » Il n’est pas d’aspects de la vie d’autrefois qui échappe au récit de l’auteur : Les mémoires sont la description des jours de plaisir (la foire, les cinémas, les dancings), l’évocation de vie culturelle (les théâtres, les cercles) ou sportive, de vie de tous les jours (les marchés, commerces).

La réédition est agrémentée d’une centaine d’illustrations

Publiées en 1936, devenues presque introuvables, un critique écrit à l’époque « Les mémoires d’un vieux Liégeois sont une contribution précieuse à l’histoire de la cité, autant par la précision des faits évoqués, que par l’atmosphère que l’auteur a su recréer. » D. Horrent