Après « Des hommes oubliés » qui relatent les hauts faits de la Brigade Piron, après « Du sang sur la Meuse » où l’on voit cette même brigade libérer son propre pays, le colonel Weber nous livre ses impressions sur la « Baie de Sallenelles ».

Pourquoi ce dernier livre ? Parce que l’auteur s’est pris d’un amour nostalgique pour ce pays envoûtant où il risqua sa jeunesse. Et moi, pauvre deuxième classe du 39e Régiment d’infanterie de la 5e Division en 1939, je suis prié fort courtoisement de préfacer ces pages sur l’estuaire de l’Orne !

Ce pays est le mien depuis dix-sept ans, depuis que je suis le curé de Franceville. Mais un autre lien m’attache à l’auteur. Avec mes camarades de la IXe armée, en 1940, je pensais remplir une mission qui consistait à s’opposer à l’avance allemande dans la vallée de la Meuse. Je voulais libérer son pays. Alors que c’est lui et ses camarades, qui ont libéré le mien ! Ironie de l’Histoire... Aussi je ne manquerais pour rien au monde, le jour de nos retrouvailles annuelles avec nos amis belges, d’aller m’incliner devant la stèle auprès du monument aux morts, qui commémore le sacrifice de leurs camarades tombés au champ d’honneur.

Au fond, nos « libérateurs » belges n’ont-ils pas des droits sur nous ? Celui qui vous tire d’une situation désespérée n’a-t-il pas fait de vous un créancier perpétuel en reconnaissance ? Et à travers les pages de ce livre ne perçoit-on pas cette union entre libérateurs et libérés qui, près d’un demi-siècle après les faits, se souviennent encore avec émotion ?


Pour y avoir passé les armes à la main, pour y avoir perdu de nombreux amis, pour ces heures inoubliables de cet été 1944, comment ne pas se souvenir de cette Baie de Sallenelles malgré les dévastations que la guerre y avait créées ? L’Orne vient s’y jeter dans la mer après avoir frayé son chemin à travers une zone de marécages qui était, avant la création du canal de Caen à la mer, aussi giboyeuse et poissonneuse que la [...]