Le petit volume qui relate la généalogie des Rinchon de Thulin et des familles qui leur sont alliées, est sous presse et sera bientôt mis en distribution. Cet ouvrage apportera aux dernières générations de la lignée et des lignées apparentées, un témoignage exact, précis, ordonné et largement développé de ce que l’on sait de leurs ancêtres, dans toute l’étendue de l’éventail d’ascendance.

Ce tableau est, pour l’essentiel, l’œuvre de votre père et c’est un honneur pour moi d’avoir été appelé à le poursuivre et le compléter, à lui donner une forme, imparfaite encore à bien des égards, mais du moins suffisante pour qu’il puisse être présenté au public. Là se borne le mérite de l’éditeur, qui est secondaire. Celui qui revient à Philippe Rinchon est primordial: votre père a nourri, au cours d’une vie longue et active, le culte de la famille et le sens de cette continuité, biologique et spirituelle à la fois, qui relie les générations au sein d’un même cycle de civilisation. Il a consacré à cette œuvre de récapitulation du passé, tous ses loisirs durant bien des années et il l’a fait non seulement pour les familles qui constituent l’ascendance de ses enfants, mais pour tout le village où un grand nombre d’entre elles ont vécu, son cher Thulin, votre cher Thulin.

Avec infiniment d’opportunité. Car moins de quinze ans après la publication de son livre, Thulin, sa géographie, son histoire, toutes les archives, ou peu s’en faut, où il avait puisé son information, ont disparu dans le brasier allumé, une fois de plus, par l’inextinguible barbarie des hommes de proie. Ce qui fait que le village aimé doit à votre père le privilège, parmi un trop petit nombre de villages hennuyers, d’avoir son passé à jamais préservé d’un oubli total, celui qui s’attache aux peuples, aux cités, aux siècles et aux hommes qui n’ont pas eu en temps utile leur annaliste ou leur historien.

« Les hommes, avec tout leur mérite et toutes leurs œuvres, demeurent dans l’obscurité si personne ne les en retire ; on ensevelit leur mémoire comme on ensevelit leur corps » a écrit votre père en exergue de son album de famille. Cette fatalité, dont la poignante évidence devrait pénétrer quiconque à le sens de ce qu’est la continuité d’une civilisation, avant tout la continuité d’une conscience collective qui se souvient, Philippe Rinchon en eut profondément le sentiment. C’est ce qui lui a donné, simple cheminot sans diplômes universitaires, l’énergie qu’il fallait pour atteindre valablement à la connaissance historique et pour faire œuvre utile en édifiant une monographie qui est parmi les plus richement [...]