Un trésor! Un trésor d’Eglise!

Evoquer la parabole du «jeune homme riche»? Celle des «talents à faire fructifier»?

Sans doute ni l’une ni l’autre: il s’agit bien peu de richesses matérielles ici. Tâchons plutôt de retrouver l’esprit qui a suscité la commande, l’élaboration des différentes parties de ce trésor, et puis la dévotion qu’elles ont inspirée.

En effet, tant la pièce maîtresse, la châsse de saint Remacle, que les autres éléments, objets de culte ou ornements liturgiques, sont pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui un peu étranges, étrangers en tout cas à notre façon d’exprimer nos sentiments religieux ou, plus simplement, l’élévation de l’âme.

Les générations qui nous précèdent, les civilisations qui nous entourent, nous étonnent, nous interpellent voire nous rebutent selon qu’elles mettent en exergue un message et des pratiques complémentaires, semblables ou opposées aux nôtres. Selon aussi quelles nous proposent des signes encore intelligibles pour nous; sinon, on les dit mortes.

Pour échapper à l’absurde, chaque culture, face à l’interrogation ontologique, veut et doit trouver une réponse qui la satisfasse. Elle l’exprime dans les termes de son époque et de son milieu.

Tous les courants de pensée ont leur fertilité propre: si les racines de la foi qu’ils proposent s’enfoncent dans un terreau de ferveur et que l’image qu’ils donnent de la divinité est capable d’en transcender les adeptes, leurs fidèles, cela ne peut être qu’un milieu propice à l’éclosion de fruits merveilleux. Il en est ainsi de ces œuvres empreintes de surnaturel que sont les grands tombeaux désormais hiératiques, les cathédrales illuminées de couleurs chaudes par leurs vitraux historiés, de ces pièces d’orfevrerie jamais trop belles ou luxueuses pour accueillir les reliques de saints patrons ou protecteurs...

S’y conjuguent la quintessence du savoir-faire et la puissance évocatrice propre à toute œuvre d’art porteuse de symboles, d’une idée, du Sens. L’un et l’autre subjuguent: et la maîtrise parfaite des matériaux, des techniques, et l’acte d’adoration, d’offrande, d’abandon et de communion avec celui qui pratique et côtoie le beau et celui à qui il le voue, le dédie, le consacre.

Nous voilà donc bien loin d’une richesse d’objet et plutôt dans un lieu,un moment de rencontre avec le Sacré.

Une élémentaire et sage prudence doit nous dicter de préserver au mieux pour ceux qui nous suivent ce témoignage d’humanité à la recherche de son destin mais, en même temps, il faut trouver le moyen de faire partager ce don du passé par le plus grand nombre.