Depuis plus d’un demi-siècle, notre wallon subit le formidable assaut du français. Grâce à nos dramaturges, à nos poètes, à nos chansonniers, à nos journaux locaux, il a, jusqu’ici, résisté victorieusement. Les concours de rédactions wallonnes, organisés par nous dans nos écoles communales de filles et de garçons, ainsi qu’a l’Athénée Boyal et à l’Ecole Moyenne de Garçons, nous ont au surplus démontré que notre vigoureux dialecte a des racines profondément ancrées dans ia race et qu’il n’est pas prêt de disparaître. Ces épreuves, exécutées séance tenante à l’école, sur des sujets dont nous avions seul connaissance, dans un dialecte dont l'orthographe ne fut jamais enseignée à l’école, furent gaillardement acceptées par plus de trois cents écoliers et écolières de dix à douze ans et par cent cinquante étudiants de quatorze à dix-huit ans farcis de littérature française. Combien de centaines de jeunes Wallons reculèrent devant les difficultés orthographiques ? Le résultat de ce coup de sonde fut merveilleux. Il fallut doubler le nombre des récompenses prévues. Certaines compositions étaient de petits chefs-d’œuvre au double point de vue dialectal et sentimental. Nous pouvons donc être rassurés quant à l’avenir de notre langue séculaire.

Ces épreuves ont signalé la tendance de quelques-uns des concurrents à franciser certains mots ou certaines expressions du terroir. Il est vrai qu’ils furent pris à l’improviste et que le temps de la réflexion leur fit défaut. Le redressement serait aisé : il suffirait de quelques heures de lecture à l’école pour fanviliariser nos jeunes avec les tournures caractéristiques du wallon. Et nous avons cru qu’un inventaire aussi complet que possible de notre vocabulaire serait plus tard d’une laide précieuse aux futurs écrivains issus de cette fourmilière. C’est à quoi répond le présent ouvrage.