Le Bouquet est un florilège, aussi complet qu’il se pouvait, des façons de dire des bonnes gens de toutes les époques. Il s’adresse à tous ceux qui aiment le langage, lecteurs ou écrivains-aux amateurs de mots savoureux qui savent goûter, selon Montaigne, « un parler non tant délicat et peigné comme véhément et brusque ».

Outre son utilité élémentaire d’ouvrage de documentation, d’outil de travail conçu tout exprès pour faciliter la tâche des professionnels-traducteurs, scénaristes, publicistes de tous bois-, l’ouvrage constitue également une sorte d’« histoire du langage privé » à l’intention d’un vaste public. En étalant, sur plus de 400 ans d’imagination collective des Français, les locutions colorées, les proverbes à usage concret qui sont l’expression intime d’une population, le Bouquet nous offre une vision du monde qui fut et qui demeure le nôtre... D’une manière certainement étrange, il éclaire notre jardin intime, notre imaginaire personnel et secret.

La langue est la maison des peuples, leur domicile spirituel-parfois leur unique résidence. De même que les vieilles demeures, bâties de murailles épaisses, de bois rongés, la langue possède aussi ses parquets qui craquent, ses vieilles pendules... Nous y portons velours, drap de lin. Semblablement à ces « maisons de maître », manoirs incrustés de lierre, nous habitons la langue des vieux.

Car les proverbes portent la poussière jaunie du temps retrouvé. Avec peut-être la force d’une illusion supplémentaire qu’accorde le souffle-puisque le Verbe est vent ! Le frémissement de la voix anime tout l’idiome, qui vibre dès qu’il est prononcé. C’est encore plus troublant à la bouche-et parler le français depuis 400 ans, voilà une déraison enviable !...