Ce 7e titre de la collection «Héritages de Wallonie» offre un double intérêt sur lequel il est important d’insister.

Tout d’abord, comme les 6 premiers titres de la collection, il présente et met en valeur une série d’œuvres d’un art généralement considéré comme mineur, ou plus exactement d’œuvres d’artisans.

S’ils ne méritent pas la même reconnaissance que les monuments et les sites prestigieux, ils témoignent toutefois des hommes, de leurs croyances, de leur capacité technologique, voire de l’organisation économique et commerciale d’une époque.

Et si ce petit patrimoine populaire nous interpelle parfois au niveau esthétique, il ne faut pas oublier que cette notion est très subjective et tributaire de «l’air du temps».

Mais au-delà de cet aspect patrimonial, le présent ouvrage développe largement un autre aspect de notre culture que j’estime particulièrement important.

Tout comme le premier ouvrage de la collection consacré aux glacières, il montre à la fois la diversité et la richesse du savoir-faire développé au fil du temps par nos artisans.

A l’époque où la robotique ne permet plus de distinguer un objet fabriqué en Wallonie d’un objet «made in Taiwan», on se prend parfois à regretter le temps où l’œil du connaisseur pouvait distinguer la croix des fonderies d’Andenne de celle de la fonderie Porta de Huy. Sans succomber à une nostalgie passéiste et paralysante, il faut toutefois constater que le savoir-faire de nos maîtres-artisans a fait la renommée de notre région aux quatre coins de la terre.

Au xvme siècle, les armes liégeoises s’exportaient dans le monde entier et la porcelaine de Tournai garnissait les tables de tous les palais.

Que ce savoir-faire, que cette intelligence technologique nous ait permis de réaliser ces prodiges est peut-être à mettre en relation avec notre situation actuelle qui, entre autres paradoxes, connaît à la fois un grave problème de chômage des jeunes et un manque de main-d’œuvre qualifiée.

En uniformisant la production et en banalisant ses méthodes, la société industrielle a certes généré des gains immenses de productivité; mais cela ne fut-il pas au détriment de notre identité ?

Un ouvrage comme celui-ci a donc une vertu essentielle: il nous rappelle ce que nous étions, il nous apprend ce que nous sommes.

Loin donc d’inciter à une quelconque nostalgie, il devrait contribuer à restaurer notre fierté. Tout ce que nous avons été, nous devons le devenir à nouveau.

L’intelligence créatrice des artisans wallons d’autrefois est notre héritage commun. A nous tous de le redécouvrir et à cette collection de nous y aider.