Cela peut paraître étrange mais H.M. Stanley semble vraiment revenu au goût de jour. Au cours de ces trois dernières années plusieurs biographies de l’explorateur ont vu le jour, notamment celles de Frank McLynn, Emyr Wyn Jones et John Bierman. Le journaliste américain P. Forbath a publié un roman, «The Last Hero», qui a été immédiatement traduit en néerlandais et l’écrivain flamand R.H. Schoemans a écrit une biographie de Stanley pour les jeunes.

Non seulement les livres sur les explorateurs de l’époque victorienne sont actuellement appréciés par le grand public mais le film de Bob Rafelson «Mountains of the Moon» (1989) connaît lui aussi un succès certain. Ceci frappe l’imagination, à une époque où les agences de tourisme proposent des voyages d’exploration comme de banals produits de consommation.

Stanley, explorateur et journaliste, mena il est vrai une vie aventureuse hors du commun et les livres qu’il publia furent tous des best-sellers. Pour cette raison, mais aussi et surtout parce qu’il réalisa sur le terrain les ambitions coloniales de Léopold II, le Musée de Tervuren s’est toujours intéressé à lui.

Au fil des années le Musée a acquis d’importantes collections concernant Stanley, constituées par des documents autant que par des objets. Tel fut notamment le cas en 1954, lorsque le cinquantenaire de la mort de l’explorateur donna lieu à une solennelle séance académique.

C’était une autre époque... En présence de la famille Stanley, d’un représentant du roi, du cardinal Van Roey et du ministre des Colonies Buisseret, un certain nombre de discours furent prononcés. Il y eut quelques belles envolées lyriques. Les mérites de Stanley furent amplement décrits et certains orateurs n’hésitèrent pas à comparer les expéditions de l’explorateur à l’ascension de l’Himalaya, aux conquêtes des conquistadores et même à l’»Anabase» de Xénophon!

La séance commémorative fut rehaussée par la musique militaire de la Force aérienne et par les sonneurs du Cercle royal St-Hubert; une «réception-Garden Party» au pavillon du directeur clôtura l’événement L’heureux résultat de cette manifestation ne se fit pas attendre: l’année suivante, en 1955, la famille Stanley fit don au Musée d’un intéressante collection d’objets et de souvenirs de l’explorateur. Près d’un quart de siècle plus tard, grâce aux relations de confiance qui s’établirent avec le conservateur M. Luwel, la famille fournit finalement au Musée l’occasion d’acquérir la totalité des archives de Stanley.

Les archives privées de l’explorateur ont été achetées en 1982 par la Société Générale de Belgique et quelques sociétés de ce groupe et confiées, en 1987, au Musée.

A cette occasion un des pavillons annexes du Musée a été restauré et adapté en vue de la conservation et de l’étude de ce remarquable fonds d’archives concernant l’exploration et l’expansion coloniale en Afrique ainsi que d’autres collections et archives sur l’histoire coloniale belge. Depuis lors ce bâtiment porte le nom de «Pavillon Stanley».