Il n'est pas fréquent d'apprendre l'assassinat de l'homme dont on est en train d'écrire la biographie. C'est ce qui s'est produit le 8 juin 1993, alors que je travaillais à ce livre depuis l'automne 1991.
Le projet a traversé d'autres tempêtes, la plus récente étant l'extraordinaire médiatisation des relations entre René Bousquet et François Mitterrand.
Secrétaire général à la police d'avril 1942 à décembre 1943, René Bousquet avait disparu de la scène publique au sortir de la guerre, après un pseudo-acquittement. Près d'un demi-siècle plus tard, il était à nouveau « placé sous les feux de la rampe de la culpabilité nationale ». Je me posais la question somme toute banale : que pouvait ressentir cet homme réputé secret, inculpé du crime le plus grave qui puisse être, le « crime contre l'humanité » ?
Autre chose excitait ma curiosité : comment un fonctionnaire couvé par le radical-socialisme avait-il pu suivre Laval à Vichy ? La seule ambition individuelle ne pouvait suffire à l'expliquer. Comment avait-il pu opérer un remarquable redressement après-guerre ? Dans la fidélité à ses amitiés, une vérité a commencé à apparaître : René Bousquet s'était appuyé sur le même réseau politique de la IIIe à la Ve République. Son attachement à une certaine idée du radicalisme n'est pas sans relation avec le mur de silence édifié autour de lui.

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