À l'heure où la Belgique comme ses Alliés fêtent en grande pompe le cinquantenaire de sa libération, il est bon de se souvenir que des milliers de femmes et d'hommes ont payé du tribut de leur vie le combat qu'ils entendirent mener contre la dictature et ses corollaires oppressifs et racistes.

Cet album, nous leur dédions d'autant plus volontiers que cette guerre que nous n'avons pas physiquement connue fut sans doute la plus sale - mais les guerres sont-elles parfois propres ? -parce qu'elle était essentiellement idéologique et que l'idéologie ne supporte jamais sa contradiction.

Ce livre, qui sacrifie autant à l'image qu'au texte, se veut être un ensemble de témoignages subjectivement choisis pour montrer aux jeunes générations les dangers que contiennent toutes les formes de totalitarisme, fussent-ils à l'état de germes. La montée de l'extrême droite en Europe, et particulièrement en Belgique, a de quoi nous inquiéter. Les arguments qu'elle utilise rappellent les tristement célèbres discours d'un certain Léon Degrelle, chef du parti Rex, qui, à la veille de la guerre durant laquelle il sera un collaborateur zélé des nazis, prônait le racisme qui à l'époque se confondait avec un antisémitisme primaire. On a vu les résultats d'une telle doctrine.

« Plus jamais ça ! », telle devrait être la conclusion que devraient tirer de ce livre les lecteurs réellement épris de justice et de démocratie, et particulièrement les jeunes, souvent plus malléables parce qu'ignorants des exemples du passé.

Par sa configuration et la place faite à l'iconographie, cet ouvrage n'est pas, loin s'en faut, exhaustif. Nous y avons placé quelques relais, choisi l'une ou l'autre grande ou petite figure de la Résistance qui, nous semble-t-il, ont valeur d'exemples dans l'attitude qu'elles ont eue face au nazisme.

Enfin, que soit remercié ici ce grand résistant que fut Jean Brack, aujourd'hui vice-président du Front de l'Indépendance de Bruxelles, qui a accepté de rédiger la préface, ainsi que, par son biais, le Musée national de la Résistance à Anderlecht qui nous a prêté la plupart des documents iconographiques déjà reproduits il y a quinze ans dans un autre album aujourd'hui épuisé, publié par la même maison d'édition sous la signature des sociologues Hubert Galle et Yannis Thanassekos, avec une approche et un dessein différents des nôtres.