Ce 3 novembre 1911, Léopold III fête son anniversaire.

Pour ses dix ans, sa mère, la reine Elisabeth, lui offre un appareil photo très simple, sans mise au point. C'est un «Kodak Bull's Eye», format 9 x g. Le petit garçon est fou de joie et se met à prendre des photos de tout ce qui l'entoure. Ce cadeau sera le point de départ d'une véritable passion.

«Dans la vie, les choses dont nous sommes redevables à notre mère sont innombrables, confiera un jour mon père. C'est elle qui s'occupe de nous à un âge extrêmement important, bien avant les éducateurs et les professeurs. À cet âge où nous sommes très sensibles, très perméables, nous absorbons aisément tout ce que notre mère nous enseigne. C'est ma mère qui est à la base de ma passion très réelle pour la photographie... Elle faisait elle-même de la photo et elle a su me faire sentir à quel point la recherche de l'image peut être intéressante, captivante, enrichissante1...»

Quelques années plus tard, en 1923, toujours muni de son Kodak, le prince Léopold se rend en Egypte avec sa mère et, dans ce pays à la lumière dorée incomparable, réalise de nombreuses photos. En 1925, lors de son premier voyage au Congo, il utilise encore le même petit appareil, mais va bientôt se munir d'un équipement plus sophistiqué.
Perfectionniste dans tout ce qu'il entreprend, mon père se documente, consulte des professionnels et apprend la technique. Il utilise simultanément un boîtier 6 x 6 et un reflex 24 x 36, plus maniable, lui permettant de saisir au vol certaines situations, à la manière d'un reportage. Durant ses expéditions, il aime partager ses expériences photographiques et se plaît à échanger des informations et des conseils avec ses compagnons de voyage. Certains d'entre eux -André Capart, Jean-Pierre Gosse, Heinrich Harrer, Hans Lutz, Otto Ôfner ou Paul Simpelaere - l'ont d'ailleurs régulièrement pris en photo.

Il essaie des pellicules aux sensibilités différentes et compare les marques de film. Et s'il ne développe pas lui-même, il indique de façon très précise [...]