S'étant assurés la paix des consciences par la sauvegarde de quelques rues sous le vocable "Ilot Sacré", les Bruxellois d'il y a trente ans livraient tranquillement aux démolisseurs la "mer" informe des bâtiments supposés plus ou moins indifférents qui l'entoure, c'est-à-dire tout le reste de la ville, pour la plus grande partie bâtie au XIXe siècle.

Elevée en 1830 au rang d'une véritable capitale, Bruxelles avait connu dès ce moment un essor architectural considérable, sous l'impulsion d'une bourgeoisie qui traduisait ainsi sa suprématie et son esprit progressiste.

Ce renouveau se manifeste, moins par la création d'ensembles et de perspectives comme à Paris, que par un individualisme qui rivalise d'invention. A Bruxelles, chaque propriétaire, chaque architecte recherche la différence, l'originalité dans une émulation souvent audacieuse. Historicisme, éclectisme, Art Nouveau en sont les vecteurs. Léopold II couronne la métamorphose de la ville par l'ultime grande politique monumentale qu'on ait osée.

Depuis une vingtaine d'années, heureusement, des voix se sont élevées pour arrêter le massacre du Bruxelles XIXe. Après la réhabilitation de l'Art Nouveau, on redécouvre la grandeur de ce siècle méconnu. De nombreux quartiers ont gardé leur caractère et leur intérêt artistique. Notre guide se propose de vous y entraîner dans des itinéraires pédestres, à la recherche du charme d'an-tan de ses rues, des détails surprenants de ses façades, de la fraîcheur de ses parcs, de la beauté de ses sculptures et de ses monuments.